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contre les éléments et contre les autres individus, de la même espèce ou d’une autre espèce ; d’autre part, l’appui mutuel, la coopération qu’on peut également appeler l’association pour la lutte contre tous les facteurs naturels contraires à l’existence, au développement et au bien-être des associés.

Quelle part ont eu respectivement dans l’évolution du règne organique ces deux principes : la lutte d’une part, la coopération d’autre part ? Il est inutile de le chercher dans ces pages : nous ne pourrions l’exposer, pour des raisons d’espace.

Qu’il nous suffise de constater comment la coopération (forcée ou volontaire) est devenue, chez les hommes, l’unique moyen de progrès, de perfectionnement, de sécurité ; et comment la lutte — reste atavique — est devenue totalement inapte à favoriser le bien-être des individus et porte au contraire préjudice à tous, vainqueurs comme perdants.

L’expérience accumulée et transmise de générations en générations a montré à l’homme que s’il s’unit à d’autres hommes, sa propre conservation est plus assurée et son propre bien-être plus grand. Ainsi s’est développé chez l’homme l’instinct social qui est une conséquence de la lutte même pour l’existence, menée contre la nature environnante et contre les individus de sa propre espèce, et qui a totalement transformé les conditions de sa propre existence. C’est cet instinct social qui a permis à l’homme de sortir de l’animalité, d’acquérir une très grande puissance et de s’élever tellement au-dessus des autres animaux que les philosophes spiritualistes ont cru nécessaire de lui inventer une âme immatérielle et immortelle.

Cet instinct social a été constitué par tout un faisceau de causes. À partir de cette base animale : l’instinct de conservation de l’espèce (qui est l’instinct social limité à la famille naturelle), il est arrivé à un degré tout à fait remarquable en intensité et en extension et il constitue désormais le fond même de la nature morale de l’homme.

L’homme est issu des types inférieurs de l’animalité, il était faible et désarmé dans la lutte individuelle contre les bêtes carnivores. Mais il avait un cerveau capable d’un grand développement, un organe vocal apte à exprimer, par des sons divers, ses différentes vibrations cérébrales, et des mains spécialement adaptées pour donner à la matière la forme voulue : il a dû sentir