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comme la poste, le réseau routier, la santé publique, la distribution de l’eau, l’assainissement des terres, la protection des forêts, etc. Il ouvre des orphelinats et des hôpitaux et souvent il aime à jouer au protecteur et au bienfaiteur des pauvres et des faibles — ce n’est qu’apparence, bien sûr. Mais il suffit d’observer comment et dans quel but il remplit ces rôles pour y trouver la preuve expérimentale, pratique, que tout ce que fait le gouvernement est toujours inspiré par l’esprit de domination et qu’il le fait pour défendre, agrandir et perpétuer ses propres privilèges et ceux de la classe dont il est le représentant et le défenseur.

Un gouvernement ne saurait tenir longtemps s’il ne masque pas sa nature propre derrière le prétexte de l’intérêt commun ; il ne peut faire respecter la vie des privilégiés s’il ne se donne pas l’air de vouloir respecter celle de tous ; il ne peut pas faire accepter les privilèges d’un petit nombre s’il ne feint pas d’être le gardien du droit de tous. « La loi — dit Kropotkine (et naturellement ceux qui l’ont faite, c’est-à-dire le gouvernement — note de Malatesta) — a utilisé les sentiments sociaux de l’homme pour faire passer, avec des préceptes de morale que l’homme acceptait, des ordres utiles à la minorité des spoliateurs contre lesquels il se serait révolté. » 1

Un gouvernement ne peut pas vouloir que la société se disloque, parce qu’alors lui et la classe dominante auraient moins de matériaux à exploiter. Et il ne peut pas non plus laisser la société se régir elle-même, sans ingérences officielles, parce qu’alors le peuple aurait tôt fait de se rendre compte que le gouvernement ne sert qu’à défendre les propriétaires qui le font mourir de faim et il s’empresserait de se débarrasser et du gouvernement et des propriétaires.

Aujourd’hui, face aux réclamations insistantes et menaçantes du prolétariat, les gouvernements montrent une tendance à s’entremettre dans les rapports entre patrons et ouvriers. Ils essayent ainsi de dévoyer le mouvement ouvrier et d’empêcher, par des réformes trompeuses, que les pauvres ne prennent eux-mêmes tout ce qui leur revient, c’est-à-dire une part de bien-être égale à celle dont les autres jouissent.

Il faut en outre tenir compte des deux faits suivants : d’une part les bourgeois,