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contre son gré, de Suisse en Angleterre, « tout ce fatras, » qui l’eût encore plus gêné à Wootton qu’à Motiers, et il le mettait en dépôt chez M. Davenport, en attendant un acquéreur, car il avait « renoncé, pour sa vie, à tous les livres. »

Cet acquéreur ne tarda pas à se présenter et ne fut rien moins que le philologue et philosophe Louis Dutens, le futur éditeur des œuvres complètes de Leibnitz. Au prix d’une rente viagère de 300 livres, qui devait s’éteindre à la mort du prémourant, Dutens entra en possession de la bibliothèque de Rousseau, réserve faite des ouvrages de botanique. C’était environ mille volumes, portant en tête, la plupart, le nom de leur ancien propriétaire, parmi lesquels, de son aveu, il s’en trouvait tout au plus une centaine « bons et bien conditionnés ; » le surplus se composait d’acquisitions faites « magnifiquement » sur le quai.

Parmi les ouvrages importants, Rousseau nomme l’Encyclopédie, l’Historia florentina et les Discours sur Tite-Live, de Machiavel, et Sigonius, de Legibus romanis. Mais Dutens se décida à l’acquisition, « principalement » pour un exemplaire du livre de l’Esprit, d’Helvétius, avec des remarques « de la propre main de Rousseau, » que celui-ci ne laissa pas de faire valoir. Il consentit