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mîmes la main sur un veau marron d’assez bonne mine, portant au dos : Lettre sur la musique. Nous l’avions ouvert sans empressement, nous le refermâmes vite : la signature de J.-J. Rousseau, ou plutôt son ex-libris autographe, de sa belle écriture ronde, en plein litre, venait de nous causer un léger éblouissement ; nous tenions, en édition originale, son exemplaire de sa Lettre sur la musique françoise. Sans y regarder davantage nous le mîmes sous le bras, en le serrant doucement, et le payâmes, en ajoutant au prix une honnête bénédiction mentale au boîtier qui cotait la signature d’un homme si célèbre à un taux quasi de petit pâté.

Chemin faisant, nous ne nous tînmes pas de l’ouvrir à diverses reprises : il y avait là une réunion de pièces, la Lettre était suivie de plusieurs autres écrits.

Pour tout dire, c’était le recueil formé par J.-J. Rousseau, et annoté par lui, des témoignages de sa fraternité d’armes avec Grimm et Diderot dans la Querelle des Bouffons ; la collection des pamphlets de ces champions du Coin de la Reine, faite par le plus éprouvé des trois. De sa main la plus ferme, Rousseau, sur le titre de chaque écrit anonyme, avait calligraphié le nom de son auteur, et en marge du Petit prophète de