ne manipule pas Augustin comme un gâs de patronage, par un ton militaire et des bons points. Moins encore par intrusion et contrôles. Pas davantage avec l’onction conventionnelle, et les fleurs de rhétorique de trop vieux herbiers.
Mme Méridier marquait non pas une indécision, ni un doute, mais une simple hésitation tactique.
— Augustin est d’une bonté délicate, craignant de faire de la peine, un peu difficile à prendre, un peu indépendant…
Elle cherchait ses mots, voyait aussi clair que son mari, parlait plus mal. Elle finit par se rabattre sur ses phrases à lui :
— Son père trouve qu’il obéit moins qu’il n’acquiesce et ne consent. Il dit aussi qu’il sait bien mépriser.
— Enfin, dit l’abbé qui se reconnaît moins compétent qu’elle sur les voies et moyens, mettez une transition insensible entre le moment où il consent et celui où il viendra de lui-même. Je voudrais qu’il prenne l’habitude de venir me voir au confessionnal, les samedis vers quatre heures ou quatre heures et demie. Il aura le temps de quitter ses camarades, d’éviter les questions, n’est-ce pas ? et même de rentrer chez lui, de goûter. Il n’attendra pas. Je ne l’ennuierai pas. Et la communion des dimanches ira toute seule.
Ainsi se tissaient des filets innocents.
Le dimanche matin, l’arrangement des assistances à la messe s’emboîtait comme un jeu de patience. Entre la grosse Catherine qui se levait tôt, M. Méridier qui se levait tard, Christine, puis Suzanne qu’on conduisait aux Ursulines parce que l’omnibus du couvent ne roulait pas le dimanche, une interminable grand-messe à contourner, l’enchevêtrement des déjeuners et des soins enfantins, il fallait trouver les cols carrossables et les passages justes.
Comme aucun Office n’avait lieu à sept heures et demie, l’horaire refoulait à huit heures la messe de communion d’Augustin et de sa mère. C’était une belle messe bruyante,