Page:Maizeroy - La Fête, 1893.djvu/139

Cette page n’a pas encore été corrigée

exubérance de forces et de rêves. On arrivait à en être comme fou, à en sangloter dans ses mains comme les fauves qui brament leur désir au milieu des ténèbres, à en avoir le dégoût de la vie, une sorte d’ébriété maladive, le sang en fusion lorsqu’en les hasards de cette lamentable existence l’on se heurtait à quelque jupe, l’on reniflait l’odeur d’une femme. Et c’étaient des ruses inouïes, des complots émouvants, tout un labeur pour parvenir à dépister la surveillance sans trêve aux aguets des gardiens, à rencontrer quelque prisonnière, fût-elle vieille et laide, dans les obscurs recoins des couloirs, des étreintes soudaines, telles qu’un accouplement de bêtes qui se ruent l’une sur l’autre, où l’on ne pensait plus au péril, l’on ne prononçait pas une parole, l’on ne s’embrassait même pas, l’on faisait l’amour comme un vagabond