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DEUX AMIES

nous écrivait notre amie Berthe de Château-Monrose pendant son voyage de noces. La folle ne nous décrivait que des ciels de lit. À Florence, à Venise, à Naples, elle n’avait souvenance que de ses chambres d’hôtel et de la couleur des rideaux. Couchés tout le temps, mais pour quoi faire, mon Dieu ? Il est vrai que les autres hommes ne ressemblent peut-être pas à la remarquable inutilité dont je suis affublée désormais.

Tu penses, ma chérie, que nous en sommes restés à ce début intéressant. Les bonnes continuent à mettre deux oreillers sur mon lit, mais M. de Tillenay couche dans sa chambre. Il passe son temps au télégraphe à embêter maman de ses doléances. Votre fille est cruelle, intraitable, désespérante, que sais-je ? Maman répond par d’autres télégrammes non moins éplorés. Ce que les employés du télégraphe doivent s’esclaffer ! J’ai fait une scène à Stanislas. J’entends garder ma liberté pleine et entière et j’aime mieux rompre tout de suite toutes relations que de subir les pseudo-tendresses de l’autre nuit.