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LES PARISIENNES

mouvements. Le front appuyé aux vitres, serrant machinalement le nœud de ma cravate de percale, j’essayais d’analyser mes sensations nouvelles. Chose drôle, il ne me semblait pas que je fusse mariée, mariée pour de vrai. Une lassitude croissante s’emparait de moi et me rendait comme inerte, engourdie d’esprit et de corps. J’aurais voulu dormir longtemps. Et maman, tourmentée de me voir à ce point indifférente et glacée, avait attiré mon mari dans un coin, le suppliait avec des larmes dans la voix, exigeait des promesses de toutes sortes dont je saisissais quelques mots.

— Elle est si jeune, disait-elle, presque encore un enfant… Ménagez-la, mon ami, ne brusquez rien. Votre bonheur en dépend !…

Elle l’étourdissait tellement qu’il en oublia son nécessaire sur un meuble. S’assurer que personne ne venait, l’ouvrir et le fouiller, fut l’affaire d’un instant. Il contenait de l’eau de mélisse et une potion entourée de son ordonnance. Je te l’envoie, et j’espère que tu parviendras à savoir à quoi sert cette mixture de cannelle, de genzeng et ce « calamus aromati-