Page:Maizeroy - Deux amies, 1885.djvu/86

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
74
LES PARISIENNES

relever la tête et affronter le regard dur et méprisant avec lequel Eva Moïnoff la toisait. Elle frissonnait, prise d’une peur exagérée et craignant un esclandre public. Ses doigts tremblaient nerveusement comme aux approches d’un danger, en lui remettant le billet de cinq cents francs qui représentait son offrande. Mais la jeune fille haussa les épaules, satisfaite d’avoir épeuré l’infidèle qui trahissait ses serments, et continua la quête avec un sourire plus énigmatique.

Jeanne respira. L’office lui semblait d’une longueur interminable et elle avait hâte d’entendre le dernier psaume, d’assister au défilé de la sacristie, d’être complimentée par la même phrase banale et bête que les parents, les amis et les indifférents se croient obligés de marmonner avec des intonations de circonstance.

Elle redoutait les emportements d’Eva et se remémorait — en ayant l’air de prier — les explications aigres qui les avait ameutées l’une contre l’autre pendant plusieurs heures, les reproches furieux, les sanglots de dépit qui