Page:Maizeroy - Deux amies, 1885.djvu/85

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
73
DEUX AMIES

d’envie de se retourner, mais n’osait pas compromettre sa dignité de mariée. Elle feuilletait et refermait son livre de messe pour avoir une contenance. M. de Tillenay ne bougeait pas et ses doigts pétrissaient machinalement les bords de son claque trop neuf.

La messe commença.

À la fin de l’évangile, deux des plus jolies amies de Jeanne, Eva Moïnoff et Mlle d’Athis, quêtèrent. Eva avait affecté de porter une robe courte de dentelles blanches. Rien que du blanc, des pompons de ses souliers aux plumes de son chapeau. Cela ravivait le charme pénétrant de sa beauté, l’enveloppait de quelque chose de chaste, de jeune, comme ces bouquets que l’on cueille sur la lisière des bois au mois de mai. Et elle passait souriante et blonde entre les rangées de chaises, remerciant du bout des lèvres à chaque aumône qui tombait dans la bourse, la tendant d’un geste un peu las qui avait une grâce extrême.

Arrivée devant Jeanne, la quêteuse allongea brusquement le bras, lui mettant l’aumônière presque sur les genoux. Mlle de Luxille dut