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DEUX AMIES

Paris le changea, lui apprit à tenir sa place, à s’habiller, à être une marionnette correcte qui sait saluer, papoter pour ne rien dire et valser convenablement.

Et il n’avait pas une figure trop ridicule le soir où Jeanne le vit pour la première fois.

Mlle de Luxille s’était résignée à céder aux instances de ses parents, à ne pas prolonger cette bataille absurde au fond, car les idées fausses qu’Eva lui avait inculquées au sujet du mariage se dissipaient une à une.

Elle connaissait la piquante définition qu’un humoriste a donnée de ce grave événement : « Un homme de moins, une femme de plus ! » Elle avait hâte de se soustraire à la tutelle de ses parents, de vivre à sa guise sans avoir à quémander des permissions oiseuses, à jouer des comédies hypocrites.

M. de Tillenay répondait à l’idéal qu’elle souhaitait.

Elle le manierait comme une boule de cire molle. Elle le dresserait en Parisienne experte et adroite et l’habituerait à une obéissance passive, à ne s’étonner de rien, à disparaître à la