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LES PARISIENNES

Peu à peu enrichi par des spéculations heureuses, ayant envie de goûter une vie calme et familiale, de se reposer des labeurs passés, de la vie de chien ancienne, il avait épousé sur le tard, à Reims, une jeune fille de noble souche, ni laide, ni jolie. Mariage de raison, où il n’y eut pas un atome d’amour, ni d’un côté, ni de l’autre.

La naissance inespérée d’un fils en résulta.

Stanislas fut d’abord malingre comme le sont les enfants de vieux. On eût dit qu’un sang appauvri et mauvais coulait dans ses veines, lui donnait ce masque blafard de scrofuleux. Il grandit tout à coup comme une plante hâtive et l’on dut renoncer à le mettre au collège, à fatiguer sa cervelle trop faible par des études abstraites.

On le considéra presque jusqu’à sa vingtième année comme un enfant sans âge auquel on ne prête aucune attention et qui ne se mêle point aux conversations. Il avait le nez de sa mère busqué comme un bec de gerfaut, les lèvres minces de son père et quelque chose de maladroit et de heurté dans tous ses mouvements.