Page:Maizeroy - Deux amies, 1885.djvu/69

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
57
DEUX AMIES

— Voyons, mon cher, nous n’allons pas recommencer les enfantillages d’hier ?

Ce mot imprévu d’ « enfantillage » sonna aux oreilles de M. Petrowski comme la note d’une cloche fêlée.

Il regarda Eva, croyant qu’elle plaisantait, qu’il y avait sous ces paroles une sorte de coquetterie nouvelle, le désir d’être grondée doucement, d’être démentie par une déclaration passionnée, un flux de serments et d’aveux.

Le rire d’Eva éclata de plus belle.

— Vous ne comprenez donc pas ? fit-elle.

Alors, Iwan, navré, l’implora, s’humilia devant elle. Il eut une éloquence de désespéré. Il confessait toute la gravité de ce coup de folie. Il se frappait la poitrine, mais Eva n’avait pas à redouter l’avenir, les conséquences de leur faute. Tout le monde l’ignorerait toujours et lui n’avait qu’un rêve, qu’un espoir, — l’épouser, légitimer loyalement, honnêtement le lien qui les enlaçait déjà.

Et, sans remarquer qu’elle piétinait le sable des hauts talons de ses mules, qu’elle bâillait et haussait les épaules, il continua son antienne