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LES PARISIENNES

La bibliothèque composée de livres malsains, les albums de photographies clandestines, les peignoirs souples de batiste transparente pendus aux patères des chambres, contribuaient à lui donner cet aspect. Les jeunes filles s’y attendaient, y demeuraient des journées entières.

Eva était enragée et ne savait qu’inventer pour s’anéantir plus jouisseusement et surmener son corps. Sa corruption épouvantait et ravissait Mme de Millemont.

Cela dura plusieurs mois.

Puis des vides se creusèrent. Quelques-unes, lasses, dégoûtées de cette existence surchauffée, résistèrent au courant qui les emportait et essayèrent de se marier. Mais Mlle Moïnoff se mit en travers de ces conversions édifiantes. Avec une verve méchante, elle écrivait de longues lettres signées d’initiales quelconques soit à la famille du fiancé, soit au fiancé lui-même ; des lettres perfides qui semblaient dictées par un dépit d’amour, un de ces accès de colère furieuse qu’on regrette lorsqu’il est trop tard pour réparer l’infamie commise. Elle y déshabillait la