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DEUX AMIES

souvent affriandées, mais se décidant à être raisonnables, à ne pas croquer d’une seule bouchée la caisse encore problématique du cercle. Enfin, Mme de Millemont lut, à la quatrième page d’un journal, l’annonce suivante :

« Peintre en déplacement pour panoramas désirerait louer immédiatement petit hôtel meublé avec atelier et jardin — 6,000 francs. — S’adresser à M. Lozère, rue de Douai. »

Elles y coururent.

Le logis était joli comme une bonbonnière de présidente, fanfreluché, lumineux, encombré de bibelots et d’étoffes chatoyantes. Des divans bas, recouverts de tapis de Smyrne, bouchaient les coins de l’atelier, se dérobaient derrière un paravent japonais où des palombes amoureuses se becquetaient sur des branches roses de pêchers en fleurs. Les études du peintre : paysages brossés en pleine impression, corps de femmes campés voluptueusement sur la toile, bien modernes avec leurs formes mièvres et n’ayant pas la chasteté du