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DEUX AMIES

s’ébattent dans la cour de récréation, et soupire et a la nostalgie des clameurs anciennes, des parties bruyantes, de tout ce qui l’amusait, de tout ce qui l’amusera bientôt comme autrefois.

Elle répondait aux confidences de Jeanne par des déclarations exaltées, expansives, impatientes, qui auraient pu se résumer dans cette phrase ardente d’une lettre de Mlle Aïssé adressée au chevalier d’Aydie :

« Je n’ai qu’un désir en ce monde, rendre la vie si douce à celui que j’aime qu’il ne trouve rien de préférable à cette douceur. »

Ce feu, perpétuellement attisé et par leur correspondance assidue et par la sortie du dimanche, altérait la santé de Mlle de Luxille. Elle maigrissait. Elle fuyait la société des autres élèves et touchait à peine du bout des lèvres les plats qu’on servait au réfectoire. Les religieuses s’épouvantèrent de ces tristesses noires, dont elles ne devinaient pas la cause, des convulsions spasmodiques qui l’agitaient brusquement et lui enlevaient pendant des heures toute apparence vitale. Son anémie