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DEUX AMIES

Elle ne dormait plus.

« Je pense à toi à toutes les heures du jour et de la nuit, écrivait-elle à Eva. Le couvent est comme une grande baraque vide depuis que tu en es partie. Je te cherche partout, mon cœur joli : dans les allées du jardin, à la chapelle, à l’étude. Ta place est maintenant occupée par ce laideron d’Antonia, et j’aurais envie de la battre quand elle soulève le couvercle de ton ancien pupitre. Je t’aime comme une toquée et je ne sais que cela. Pourquoi ne peux-tu pas m’enlever à ces sœurs bougonnes et radoteuses, m’emporter pour toi seule n’importe où il te plairait de me cacher ? Nous serions si heureuses dans une petite maison au milieu des bois, où il y aurait des oiseaux et des feuilles vertes ! »

Elle continuait dans ce ton affadi de romance, ayant en tête des réminiscences de Mlle Loïsa Puget, s’emballant sur d’inutiles chimères et poétisant son vice. Et elle ajou-