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DEUX AMIES

bonne déesse. Elle dépassait Messaline et Sapho et cette comtesse Gamiani, qui comme une damnée inassouvie, torture sa chair, cherche dans tous les raffinements, dans toutes les abjections le secret de l’absolue volupté. Elle ne dormait plus. Les nuits étaient pareilles aux journées et elle se soutenait avec des potions que lui vendait la Romieux, des pickles et de l’alcool. Mais à la fin, elle s’était abattue comme une bête épuisée par une trop longue, trop échinante étape, et le peu d’intelligence qui falotait dans sa cervelle s’était évaporé à jamais par la fêlure trop grande.

Stanislas fit venir le docteur Fieuzet qui avait déjà soigné Colette et l’avait guérie autrefois d’une fièvre cérébrale. Le docteur examina attentivement la malade, demeura à son chevet pendant toute la nuit, étudiant les symptômes de ces souffrances étranges, arrachant mot par mot à M. de Tillenay l’histoire navrante de sa femme. Il écrivit plusieurs ordonnances, prescrivit certains soins et ayant pris Stanislas à part, lui dit avec une brutalité caustique ce qu’il présageait.