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LES PARISIENNES

qu’emporte, que roule, que brise un tourbillon de mistral. Des gouttes de sueur ruisselaient le long de sa peau comme si elle eût agonisé et elle remplissait l’appartement de hurlements aigus, de clameurs inintelligibles qui ressemblaient à des plaintes de femme qui accouche.

Mariette épouvantée, harcelée d’interrogations par M. de Tillenay, lui avoua la vérité. Depuis deux semaines, elles passaient leurs journées dans une maison meublée de la rue de la Victoire, que tient une ancienne cocotte retirée de l’amour, la Romieux. Jeanne y avait rencontré deux créoles plus vicieuses, plus gangrenées même qu’elle ne l’était et dont les caresses semblaient saturées d’épices exotiques, de ces piments rouges qui brûlent le palais. Et poussée par elles, la jeune femme s’était ruée dans une sorte de délire érotique vers les débauches effrayantes qu’ont décrites les écrivains anonymes dont on enferme les livres dans le coin secret de sa bibliothèque.

Elle renouvelait les exploits des Athéniennes qui livraient leur corps en holocauste à la