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DEUX AMIES

en juin, après avoir vendu leur mobilier et leurs chevaux.

Mlle Moïnoff l’annonça à Jeanne par une lettre assez ironique :

« Ma chère amie, lui écrivit-elle, c’est mon P. P. C. que je vous envoie au moment de repartir pour la Russie. Vous me pardonnerez de ne pas avoir été vous embrasser une dernière fois et aussi d’interrompre un jeu qui semblait vous amuser et occuper votre ennui. Je ne connais malheureusement plus de jeunes filles encore à marier parmi nos anciennes amies et je le déplore car à mon défaut, vous auriez pu continuer sur elles ces exquises correspondances anonymes où l’on vous retrouvait tout entière.

« J’espère avoir avant peu à vous annoncer mon mariage et je regretterai bien que vous ne soyez pas alors auprès de moi, vous qui m’avez ouvert les yeux, qui m’avez appris si savamment tout ce que peut contenir de méchanceté, de bêtise, d’hypocrisie un petit cœur de femme et combien l’on est bête de s’aimer entre nous.