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LES PARISIENNES

amour, qu’elle serait toujours à l’affût comme un chasseur cruel, repoussant, écartant les jeunes gens tentés, énamourés par la blondeur de ses cheveux et par sa beauté. Toutes les parties seraient perdues d’avance et ceux qui ne se détourneraient pas, qui accepteraient cette situation douteuse, cette virginité avariée ne pouvaient être que des aventuriers affamés de dot, de pauvres hères blasés qui la rendraient malheureuse. Mlle Moïnoff ne se leurrait pas de chimériques illusions. Elle scrutait l’avenir avec sa crânerie pondérée d’étrangère.

Recommencer. Essuyer de nouveaux échecs. Rater tellement de mariages que le bruit fâcheux s’en propagerait à la fin dans le monde. Ne valait-il pas mieux battre en retraite, changer d’air comme lorsqu’on cherche à échapper à une épidémie, retourner pendant quelques années à Moscou où le beau-père de M. Moïnoff, aussi adulé à présent qu’il avait été honni, la suppliait dans toutes ses lettres de le rejoindre, de profiter de sa fortune nouvelle ? Elle y décida assez facilement ses parents — sa mère surtout qui s’ennuyait à Paris, et ils partirent