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DEUX AMIES

lettre anonyme d’une écriture féminine assez maladroitement déguisée qui détaillait l’aventure galante qu’elle avait eue naguère dans une « caloge » à Étretat, avec M. Petrowski. On l’accusait en même temps — en offrant de prouver les faits que l’on avançait — d’avoir tous les vices et toutes les impudeurs, de dépraver toutes les jeunes femmes qui l’approchaient, de n’ignorer aucune débauche. Une lettre froide, dont chaque mot portait, dont chaque phrase était calculée comme du venin distillé goutte à goutte et se plantait dans la cervelle et donnait à réfléchir.

C’était un coup droit qui l’atteignit en pleine poitrine. Et elle reconnut aussitôt l’ennemie secrète qui la poursuivait, qui l’atteignait ainsi dans l’ombre. Mme de Tillenay n’était-elle pas en effet la seule créature au monde qui avait reçu toutes ses confidences, qui connaissait son implacable coup de tête, cette faute absurde comme un caprice d’enfant curieux.

Elle comprit alors que Jeanne ne désarmerait pas, qu’elle lui avait voué une de ces haines féminines qui dérivent de l’extrême