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LES PARISIENNES

der tout près d’elle durant tout un cotillon. Elle était de plus en plus jolie et l’on savait que cette adorable tête, cette silhouette de statue avaient un cadre fabuleux de banknotes.

Aussi fut-elle bientôt demandée en mariage d’abord par un secrétaire d’ambassade, puis par le marquis de Stallanches, le sportsman dont les couleurs sont bien connues sur le turf et par l’un des fils du banquier Klobstein qui venait de terminer son volontariat.

Mais ces trois mariages échouèrent successivement presque à la veille de la signature du contrat, et Eva devina, sous les raisons illusoires qu’on alléguait, sous les reculades correctes et glaciales, sous la froideur soudaine de ceux qui s’étaient agenouillés à ses petits pieds et lui avaient juré de toujours l’adorer, quelque machination imprévue, quelque méchant tour féminin comme elle en avait tant joué jadis avec la baronne de Millemont et Mme de Tillenay. Elle était trop fine pour ne pas percer cette toile d’araignée, pour ne pas découvrir le secret qu’on lui cachait. Et en payant des domestiques, elle parvint à se procurer une