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LES PARISIENNES

lui restait-il maintenant de ces amours qui avaient enfiévré son cœur et absorbé sa vie ? Du dégoût pour Mme de Tillenay — un dégoût fait de toutes les satiétés — des désillusions, des souffrances causées par Mme Thiaucourt.

Elle raisonna alors froidement, elle songea qu’à s’entêter plus longtemps dans ses habitudes vicieuses, elle serait toujours à côté, elle croupirait comme en une mare stagnante et boueuse dont à la fin on ne peut plus se dégager, elle prêterait à rire comme les vieilles demoiselles dont personne n’a voulu. La beauté n’avait qu’un temps. Et quand les années accumulées auraient ridé son front comme de coups d’ongles et blanchi ses beaux cheveux blonds, ne souffrirait-elle pas cruellement, regrettant trop tard son erreur, de végéter toute seule, abandonnée dans un intérieur où aucune affection ne remplirait sa solitude ?

Le bonheur n’était-il pas dans la vie à deux plutôt qu’ailleurs ? Mme Thiaucourt ne lui en avait-elle pas donné une preuve récente ? L’amour d’un homme pour une femme n’était-il