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LES PARISIENNES

l’amour exclusif et de longue durée l’incitèrent à en finir, à dénouer lentement les mailles, du filet dans lequel elle avait eu la bêtise de s’emprisonner. Rupture habile, profitant des moindres causes pour s’accuser plus ouvertement, évitant les scènes inutiles, les larmes, les prières qui apitoient, allant droit au but jour par jour, heure par heure, minute par minute, sans secousses, sans heurtements. Indispositions subites qui se prolongent, qui épargnent de vains simulacres de passion, reproches injustes qui amènent des bouderies réciproques, tous les dissolvants qui détournent l’une de l’autre, qui désunissent les doigts lassés et refroidis.

Ce n’était cependant pas encore la séparation complète, la brouille immédiate et Mme de Tillenay ne se doutait de rien, ne cherchait pas à s’expliquer le changement qui s’opérait dans la conduite de Suzette. Elle passait encore de temps en temps une nuit chez sa protégée. Suzette craignait en effet de brusquer le dénouement, voulait l’amadouer, lui fermer sa porte sans qu’elle eût le droit de se plaindre,