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DEUX AMIES

les mêmes inassouvissements, des parties folles dans Paris à la découverte de voluptés inédites.

Elles avaient toutes les audaces, elles osaient entrer en plein jour dans les boutiques interlopes des passages et n’en sortaient qu’au bout de quelques heures, elles allaient après le théâtre souper quelquefois dans un café de la place Pigalle, toujours encombré de couples féminins et de jolis modèles, et elles en ramenaient un ou deux dans leur coupé pour s’encanailler plus profondément, pour jouer avec eux comme avec des poupées. Et dans ces mêlées luxurieuses, Jeanne dépassait en libertinage, en impudeur, les filles ramassées ainsi devant une table de café équivoque.

La déchéance était attristante.

Cependant la petite actrice la ruinait insensiblement, croquait de ses quenottes nacrées comme une sandwich au caviar, les économies laborieuses du père Moriceau et l’argent des Luxille. Jeanne puisait, puisait dans les tiroirs de son mari, empruntait aux usuriers, signait des billets, vendait ses chevaux, sans retourner