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LES PARISIENNES

venir, recevait ses amis, passait ses nuits au club, devenu joueur par désœuvrement et par ennui. Quand on lui demandait des nouvelles de Jeanne, il répondait tranquillement :

— Ma femme est à Melun depuis quelque temps chez une de ses meilleures amies, la baronne de Millemont.

Mme de Tillenay lui avait donné ce prétexte pour expliquer ses absences réitérées. Elle ne quittait presque plus Suzette Rivière. Au théâtre, elle habillait et déshabillait l’actrice et lui tenait sa pelisse derrière un portant comme une camériste. Elle réglait les notes, choisissait les chevaux, les toilettes, les chapeaux de sa protégée. Elle se faisait tout envoyer chez Suzette, aussi bien ses lettres que ses rôles, et M. de Tillenay était le seul à ignorer ce scandale qu’on commentait déjà un peu partout.

« Notre petit ménage », disait-elle à Suzette, avec une assurance très sincère, et l’actrice s’en amusait beaucoup. C’étaient des nuits blanches qui se suivaient avec la même rage d’amour de part et d’autre, les mêmes curiosités malsaines,