Page:Maizeroy - Deux amies, 1885.djvu/262

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
250
LES PARISIENNES

mettre les filles à mal et berner les maris confiants.

Ce menu enragé les surchauffait comme ces brouets cantharidés que les garçons d’honneur apportent aux nouveaux mariés, le soir de leurs noces, dans les villages du Languedoc. Et pour surexciter davantage Mme de Tillenay, Suzette qui avait le diable au corps commença à dire des polissonneries, apprit à sa protectrice des termes d’argot amoureux qu’elle ignorait et en la priant, en la questionnant habilement, elle parvint à lui faire raconter ses premiers essais de vicieuse avec Mlle Moïnoff.

Et, à son tour, elle lui raconta avec des détails minutieux et précis comment Jane Darmont l’avait débauchée à seize ans quand elle était au Conservatoire, les caprices insensés de blasée qui lui venaient en tête sans rime ni raison, le voyage de deux mois — un voyage de jeune couple — qu’elles avaient été faire ensemble, aux vacances, le long de la côte normande, deux mois d’amour fou, de nuits sans sommeil, de journées délicieuses derrière les volets clos de leur chambre d’hôtel au bout