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LES PARISIENNES

Et le maître d’hôtel écrivit gravement :

Deux douzaines d’Ostende ;
Homard à l’américaine ;
Chaud-froid de perdreau ;
Truffes Périgord au Champagne ;
Piments d’Espagne en salade.

— Quels vins ? demanda-t-il.

— Liebfraumilch, Pontetcanet et Champagne !

Jeanne s’amusait comme elle ne s’était jamais amusée encore. Cette fantaisie imprévue de l’actrice, ce cabinet particulier avec sa glace striée d’hiéroglyphes galants, ce divan moelleux où rapprochées l’une de l’autre, il leur venait des idées amoureuses, lui avaient fait complètement perdre la tête.

Elle ne pouvait rassembler ses pensées. Elle frissonnait en touchant seulement les mains de Suzette. Ce qu’elle ressentait dans tout son être était indéfinissable. C’était délicieux et elle en souffrait. La vibration suraiguë de ses nerfs excités remplissait son cerveau, y creusait