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DEUX AMIES

nions. Elles semblaient répéter les rôles de l’exquise comédie qu’elles créeraient plus tard dans le monde. Elles s’illusionnaient comme les folles d’un étrange poème anglais, qui s’énervent à vouloir respirer l’odeur des fleurs artificielles.

Des cadeaux réciproques scellaient leurs serments, — des bagues d’argent, que vendait la sœur tourière, et sur lesquelles étaient gravés les signes symboliques de la Foi, de l’Espérance et de la Charité. Et ces gamines qui portaient des robes courtes et faisaient des cocottes en papier de leurs livres de classe, se passaient sérieusement les anneaux aux doigts, entouraient l’aventure de mystère, s’étourdissaient de formules solennelles et se figuraient avec une sincérité absolue que désormais elles étaient liées pour toute leur vie et qu’elles devaient enfermer ce secret mystique au tréfond de leur cœur.