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LES PARISIENNES

jolie époque folle des étoffes à ramage, des paniers, des mignardes têtes poudrées et de l’amour fantaisiste et doux. L’amour devenu toute la vie. Il y était question d’une cabaretière friponne qui pour berner un traitant chauve, se substituait crânement à la Camargo et courait le guilledou comme si elle n’avait fait que cela dès l’âge où l’on prend le menton aux filles et où elles attendent la suite du premier baiser. Enlèvement au clair-de-lune, souper galant dans une petite maison close, et prétentaine aventureuse aux Porcherons, rien n’y manquait, et la musique légère, alerte, avait comme le poème un entrain endiablé avec l’on ne savait quoi de vieillot, de subtil comme l’air d’un menuet fredonné par des lèvres de grand’mère ou l’odeur d’un sachet oublié au fond d’un tiroir.

Suzette Rivière jouait dans cette pièce un rôle de petit abbé galant, tout petit, tout petit, qui donnait de la tête étourdiment à travers les intrigues amoureuses, qui suivait chaque cotillon et se mourait d’amour pour chaque belle. Dieu sait dans combien d’alcôves il oubliait