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LES PARISIENNES

— J’en mourrais, vois-tu, j’en mourrais ! disait-elle.

Et Jeanne, attendrie, prise dans ses nerfs par ce désespoir théâtral, pleura à son tour, chercha des phrases consolantes, des termes câlins, afin d’apaiser sa chérie.

— Mon cher amour, je te défends de douter de moi. Tu es ma vie et ma joie. Je n’aime que toi au monde. Va, rien ne nous séparera !

Elle appuyait sa tête sur l’épaule d’Eva, et, tout bas, s’ingéniait à la persuader, à chasser ces vilaines pensées moroses ; elle lui tendait ses lèvres en se haussant sur la pointe des pieds d’un air drôle. Et leurs rires revenaient ; elles se raillaient mutuellement et se promenaient à petits pas, le bras à la taille, comme un couple idyllique, dans les allées bordées de buis du jardin…

D’ailleurs, elles n’étaient pas les seules à jouer à l’amour. La plupart des pensionnaires, en effet, se choisissaient, durant la première année, une amie du même âge et de la même taille qu’elles, pour ne pas être séparées ensuite par le classement des premières commu-