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DEUX AMIES

chambre sur le même plan son mari changé par les veillées successives qu’il avait passées à son chevet avec l’effroi continuel de la perdre, la bonne vieille cousine lasse aussi et boitant plus qu’à l’ordinaire et ayant tant de bonté, tant de tristesse au fond de ses prunelles affaiblies, et entre eux, Eva Moïnoff qui s’était fait une espèce de costume de garde-malade et avec son tablier à bavolets, sa coiffure ajustée au galop ressemblait à quelque petite-maîtresse coquette comme on en voit dans les estampes du siècle dernier. Elle se sentait protégée, comme garée de dangers nouveaux depuis que Jacques était là, depuis qu’elle entendait le son familier de sa voix. Elle aimait son mari plus qu’auparavant et sans s’expliquer pourquoi et comme si rien ne s’était passé entre elle et Mlle Moïnoff, comme si elle eût compris l’inanité des calomnies inventées à plaisir contre l’honnête homme dont elle portait le nom.

Et, le soir, lorsqu’ils furent seuls dans la chambre, tandis que la cousine Eudoxie et Eva se reposaient de leurs fatigues, elle appela