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LES PARISIENNES

terrible qui avait interrompu en pleine joie sa passion coupable. Cette violente secousse — la bataille avec la mort — l’avait tout assagie et retournée.

Ce qu’elle éprouvait était étrange.

Il lui semblait être au retour d’un interminable voyage pendant lequel on a vieilli beaucoup, on a goûté des choses inconnues, on a couru des dangers et traversé des contrées heureuses, des paradis où l’on oubliait le reste du monde, où l’on demeurait comme emmaillée par d’invisibles liens. Tout cela datant de très loin comme une histoire fabuleuse à présent finie. Il ne lui en restait au cœur ni amertume, ni regret, ni désir. Seulement le bonheur extrême de se rattacher à ce qui avait été sa vie avant ces aventures, d’embrasser du regard l’horizon limité du passé, de reprendre possession du logis abandonné, des amis imprudemment délaissés pour de chimériques tendresses, de se reposer enfin bien paisiblement sans aucune déception.

Et elle rougit prise d’une soudaine pudeur en distinguant dans le clair-obscur de la