Page:Maizeroy - Deux amies, 1885.djvu/222

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
210
LES PARISIENNES

cule odorant d’octobre et donnant ensuite à s’y méprendre l’illusion adorable d’une lune de miel tendre et joliment corrompue.

C’était elle qui déshabillait Luce — le soir — dans la chambre bien close où les bougies éclairaient vaguement les oreillers du grand lit. Et quels déshabillages ! La robe qui tombait d’abord avec un froufrou d’étoffe chiffonnée, le corset qu’elle délaçait comme maladroitement et en embrouillant les nœuds, en mordillant de baisers la nuque découverte de la chère aimée pareille à un gamin avec son pantalon très court et ses bas de soie, la chemise de batiste qui apparaissait enfin serrée comme une armure contre les jambes et contre la gorge d’un mouvement de craintive pudeur. Elles riaient comme des folles, elles se poursuivaient à travers la vaste pièce, semant à droite et à gauche les houppettes de poudre de riz, les jarretières, les dentelles, tout ce qui leur tombait sous la main, jusqu’à ce que rendue, emprisonnée dans les bras d’Eva, Luce se laissât porter dans le lit, étendît sur les draps blancs son corps souple, blondi par la lueur