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LES PARISIENNES

d’herbes à demi sèches, des odeurs amollissantes qui montaient au cerveau et poussaient à s’aimer.

Puis le crépuscule tomba, augmentant le mystère de ce paysage d’octobre, enveloppant comme d’une gaze bleuâtre les deux amoureuses si rapprochées, si enlacées qu’elles ne faisaient qu’une tache claire sur l’herbe rousse. Et cette ombre croissante les enhardit davantage, leur donna l’illusion d’une alcôve odorante où personne ne pouvait les surprendre, où les baisers appellent de nouveaux baisers moins sages, où l’on appareille vers des apothéoses plus radieuses.

Elles ne sentaient pas le froid de l’heure tardive traverser leurs robes légères, elles oubliaient le monde entier dans leur ravissement partagé et au milieu de ces parfums puissants, Eva ne respirait que l’odeur subtile et persistante qui s’exhalait des vêtements de Luce comme d’une fleur inconnue de conte bleu, une fleur marine que découvre le flux.

Et les heures s’écoulaient ainsi sans qu’elles