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LES PARISIENNES

qu’elle avait trompé et repoussé sans pitié Mme de Tillenay. Luce ne prêtait pas plus d’attention à ses prières qu’aux feuilles sèches roulées par le vent en tourbillons dans les allées. Il lui suffisait d’être une idole froide devant laquelle on s’agenouille et dont aucune émotion ne ternit les prunelles d’émail.

Aimait-elle quelqu’un en ce monde ? Son cœur battait-il seulement dans sa poitrine immobile ?

Et puisque rien ne l’apitoyait, ne l’aiguillonnait, puisqu’elle avait moins de sens encore que de cœur, puisqu’elle prétendait se garder intacte et virginale pour un mari infidèle, Eva abandonnerait son rêve, reviendrait à la maîtresse longtemps négligée, aux sensations anciennes absurdement dédaignées. Luce l’approuverait, n’est-ce pas, d’être aussi sage, aussi raisonnable et Jeanne serait bien heureuse de reconquérir l’ingrate à force de baisers. Mme Thiaucourt l’interrompit avec des yeux mouillés de larmes.

— Je ne le veux pas… Tu m’appartiens et tu n’appartiens qu’à moi, méchante qui ne sait