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DEUX AMIES

les aveux que sa bouche n’osait pas encore prononcer…

Mais cette soumission était purement cérébrale et plutôt un élan de sentimentalité qu’un consentement criminel de femme résolue à n’opposer aucune résistance aux mains alertes qui délaceront son corset.

Mlle Moïnoff n’avait réussi qu’à entr’ouvrir la porte de Luce. Il semblait que la jeune femme prît un singulier plaisir à la supplicier à petit feu, à l’exaspérer comme un chien auquel on tend et on retire tour à tour un morceau de sucre. Mise au pied du mur, suppliée de répondre enfin oui ou non, de fixer un terme à cette intolérable situation, Luce tergiversait à nouveau, cherchait à gagner du temps, se dérobait toujours comme épouvantée par l’inconnu, par ce qu’il y avait derrière le dernier obstacle à franchir.

La tête, le cœur, les lèvres ; des baisers, des rendez-vous, des serments, des bêtises, autant qu’Eva le voudrait ; mais que resterait-il après si elles descendaient si vite ensemble les autres échelons, si d’une bouchée elles mangeaient