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DEUX AMIES

une allure masculine qui la rendait toute drôle et que démentaient le timbre musical de sa voix, ses phrases, ses chatteries perverses.

— Je te veux à moi tout entière, rien qu’à moi, continuait-elle. Tu seras ma petite femme et moi ton petit mari… Nous nous aimerons de plus en plus, nous irons nous cacher quelque part dans un joli coin où personne ne nous trouvera… N’est-ce pas que vous ne dites pas non, mon amour, n’est-ce pas que tu m’appartiens, que tu m’aimes ?

Elle était si près de Luce que leurs cheveux se mêlaient. Et, fermant les yeux, soumise, éperdue de curiosité coupable, la jeune femme étreignit à son tour sa blonde amie, l’attira amoureusement vers elle et lui dit, très bas :

— Oh ! oui, je t’aime aussi !

Mais Mlle Moïnoff avait décidément une mauvaise chance persistante car la cloche qui annonçait l’heure du dîner sonna tout à coup, déchirant le silence de ses drelindindins aigus. Elles n’eurent que le temps de réparer devant la glace le désordre de leur toilette et de passer dans la salle à manger. Le soir, Eva eut