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LES PARISIENNES

Et tandis que les heures coulaient avec la même vibration triste, elles se confièrent les rêves qui battaient de l’aile sous leurs bonnets à la mioche.

Elles songeaient déjà aux vacances, à celles qui durent deux pauvres mois, et aux autres, plus tard, quand elles se débarrasseraient de leur costume de pensionnaire, des cols plats et des tabliers de serge pour les jeter définitivement au fond de quelque armoire. Elles arrangeaient leur vie comme des fiancés qui vont bientôt se marier. On ne se quitterait point. Les parents de Jeanne et ceux d’Eva habitaient la même maison sur l’avenue des Champs-Élysées. Elles iraient d’abord à Étretat, puis à la campagne, dans le château seigneurial que M. de Luxille avait acheté pour un morceau de pain, après la guerre, aux environs de Caen.

Et il leur revenait des souvenirs de cabines, où, en sortant du bain, imprégnées de l’odeur forte de la mer, elles regardaient curieusement leur nudité, elles rougissaient sans savoir pourquoi ; du grand parc aux allées ombreuses où