Page:Maizeroy - Deux amies, 1885.djvu/173

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
161
DEUX AMIES

« Petite maman », et avait des larmes aux yeux, de grosses larmes tristes, à l’idée qu’on pouvait l’en séparer, qu’on s’en irait du château, qu’il ne jouerait plus avec elle.

Comment ne l’aurait-elle pas aimée de tout son cœur aimant ? Comment ne se fût-elle pas attachée à cette trop séduisante créature puisque tout s’en mêlait, puisque l’enfant en paraissait si heureux ?

Luce s’amusait beaucoup et, sous l’influence de Mlle Moïnoff qui la poussait à cela, elle se lançait bravement dans le tourbillon, faisait sa partie en fanfaronne au milieu des gens qui l’entouraient et interloquait les hommes par ses hardiesses subites, par les énormités qu’elle lâchait de sa voix claire sans en comprendre la portée et uniquement pour ne pas avoir l’air d’une Agnès ignorante. Et à elles deux, elles menaient le train sans laisser à personne le temps de reprendre haleine, ébauchaient des romans de cinq minutes, embrouillaient toutes les intrigues avec un sans-gêne d’enfants terribles, se moquaient tour à tour des imbéciles absolument désorientés qui se rendaient cons-