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LES PARISIENNES

nant deux poules aussi jeunes, aussi bonnes l’une que l’autre, qui ne le quittaient pas.

Mme de Millemont étonnée, se souvenant des idées si souvent exprimées par son ancienne amie, cherchait vainement le chemin de Damas où Eva avait été si brusquement touchée par la grâce et Jeanne, quoique fine et subtile comme une commère de village, ne sondait pas la profondeur d’une telle rouerie. Aux reproches et aux railleries dont elles accablaient Mlle Moïnoff, celle-ci répondait dédaigneusement par la même phrase en l’air qui les déroutait :

— Puisque cela m’amuse !

Luce était plus dupe encore que Mme de Tillenay de cette extrême amitié, des soins attentifs et comme maternels prodigués à son enfant. Les inquiétudes vagues, les craintes instinctives qui, un mois avant, l’avaient empêchée d’aller au rendez-vous donné par Eva, se dissipaient, s’apaisaient. Elle subissait le charme pénétrant de Mlle Moïnoff et se rapprochait d’elle de plus en plus, comme attirée par un invisible aimant. Elles s’habillaient de la