Page:Maizeroy - Deux amies, 1885.djvu/164

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
152
LES PARISIENNES

adorable tête renversée, pâmée dans les oreillers comme demandant grâce et ne la demandant pas.

Elle avait maintenant l’affolement fiévreux d’un homme que nargue la vertu intacte d’une jeune fille, qui se languit et se désespère en la regardant de loin comme une étoile inaccessible et déchire de morsures le moindre chiffon de dentelles qu’il a ramassé sur son passage, la moindre fleurette qui glisse de son corsage en dansant.

Et Eva souffrait d’autant plus qu’elle était forcée de refréner ses désirs en elle-même, de rester muette, de baiser au front celle dont elle eût voulu meurtrir et gercer les lèvres, de cacher à Mme Thiaucourt le mal qui l’oppressait et changeait ses nuits en de douloureuses insomnies.

Mais, malgré toutes ces difficultés, elle espérait gagner la partie, ajouter ce nom charmant de Luce aux nombreux qu’elle avait déjà griffonnés sur ses bloc-notes amoureux. Elle emploierait tous les moyens, elle essayerait toutes les comédies afin de réussir, et il viendrait