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DEUX AMIES

espéré, était venue seule au château et Jacques ne devait la rejoindre qu’à la fin de l’automne.

Et Mme de Tillenay se promettait bien de mettre ce temps à profit, de métamorphoser l’ingénue dont la vertu trop solide gênait ses intérêts. La contagion la gagnerait et il faudrait que l’armure fût invraisemblablement épaisse pour ne pas être entamée soit par les attaques perpétuelles de ces chasseurs d’adultères, soit par les ruses enveloppantes d’Eva.

Elle, au contraire, jouerait les Sainte-Nitouche, accompagnerait la cousine aux offices, la comblerait de soins raisonnés, détruirait peu à peu l’influence acquise par les Thiaucourt. Les imprudences de la jeune femme feraient le reste.

Mme Thiaucourt ne se doutait guère du plan machiavélique que dissimulaient les protestations amicales de Jeanne. Elle avait accepté l’invitation avec l’idée franche de s’amuser beaucoup, de faire respirer à pleins poumons à son enfant l’air sain et vivifiant de la campagne.

Cette existence passagère lui plaisait. Elle