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DEUX AMIES

cement, honnêtement, avoir un intérieur, des enfants, et plutôt avec l’arrière-pensée de faire ce qu’il leur plairait, de jeter leurs chapeaux légers par-dessus tous les moulins qu’elles rencontreraient.

Leurs sœurs ou leurs mères ne leur donnaient-elles pas l’exemple ? N’avaient-elles pas été élevées dans une atmosphère corrompue, voyant comme voient les enfants — surtout les filles — les intrigues qui se nouaient autour d’elles, ramassant les billets amoureux qu’on laisse traîner au fond d’un tiroir pas fermé, surprenant des chuchotements rapides, des baisers furtifs échangés entre deux portes, les attouchements sous la table, la pression molle d’un pied de femme qui s’est déchaussée pour mieux s’appuyer sur la chaussette de soie de l’amant ?

Jeanne avait recruté pour elles des amuseurs expérimentés aussi bien dans les parlottes de ses « five o’clock » que dans le tourbillonnement et les repos dangereux des cotillons.

Elle connaissait leurs états de service, le duel qu’avait eu M. de Grenier, après avoir été