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LES PARISIENNES

ceinture verte. Il s’étendait très loin, s’enfonçait mystérieusement dans la campagne comme un coin de forêt.

C’étaient des pelouses immenses, des bosquets dont les verdures s’enchevêtraient comme pour former des berceaux de feuilles, des allées profondes que le soleil ne parvenait pas à éclairer, des allées que jalonnaient de vieilles statues vermiculées par le temps et, au bout, un étang qui dormait à l’ombre des platanes. Le passage lent des cygnes et les ellipses argentées des poissons ridaient seuls sa nappe verte où les nénufars entrouvraient leurs prunelles d’or. Les colonnes graciles d’un petit temple rococo où il y avait eu jadis une statue d’Éros s’y reflétaient, marquant l’obscurité de l’eau d’une tremblante rayure blanche.

Le paysage avait quelque chose de romantique en sa mélancolie solitaire. Le silence — ces silences faits de tous les bruits de la nature, des froissements de feuilles, des bourdonnements d’insectes, du travail sourd de la terre — n’était troublé que par les appels brusques des geais se poursuivant à travers les branches,