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LES PARISIENNES

pas. Je voudrais savoir un peu plus que ce que je sais déjà. Rien que goûter pour avoir une idée exacte de ces amitiés de femmes qui font si peur aux hommes. Elle est adorable cette petite Eva et elle dit qu’elle me ressemble. Est-ce que j’ai vraiment des cheveux aussi blonds, d’aussi grands yeux, d’aussi petits pieds que les siens ? Puis j’ai trouvé son idée d’être ma bonne si gentille ; je la vois avec un tablier blanc à bavolets et une robe unie. Ce serait très bon d’être décoiffée par elle, mais sans baisers dans la nuque, par exemple, parce que cela me grise comme du vin du Rhin. Pourquoi nous serait-il défendu d’avoir des amies, une amie qu’on aime le plus après son mari ? Cependant, je suis sûre que Jacques s’opposerait complètement à ces projets de petite toquée, et au fond, tout au fond, je crois qu’il aurait raison. Ne suis-je pas heureuse, complètement heureuse ? À quoi bon s’essouffler à courir après des chimères vaines ? D’ailleurs, j’ai peur de connaître la suite du roman. Sais-je où cela m’entraînerait ? Décidément je n’irai pas à la Madeleine demain ; si