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LES PARISIENNES

serrer contre moi étroitement, humide dans le peignoir de laine ; je rêverais cela parce que vous êtes jolie et délicate et charmante, parce que je n’ai jamais rencontré de femme au monde qui fût pareille à vous, parce que — ce n’est peut-être pas bien sage ce que je vous avoue là — parce que je vous aime de toutes mes forces et de tout mon cœur !

Elle était si sincère, si passionnée que Luce subissait intérieurement la puissance dominatrice de cette prière amoureuse, fermait les yeux à demi, ne l’interrompait pas et en demeurait impressionnée comme si elle eût écouté la musique d’un concert sensuel et doux. À ce moment, loin de son mari, pénétrée jusqu’aux moelles par une sensation de plaisir aussi charnelle que cérébrale, curieuse de tout ce qui est inédit, comme toutes les femmes, elle eût facilement cédé aux obsessions d’Eva, elle n’aurait pas eu la force de résister. Et, amusée, coquette, elle lui répondit :

— Quand entrez-vous à mon service, jolie petite bonne ?