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DEUX AMIES

curieuse vers des horizons nouveaux et mystérieux. Cela embarrassait Luce et la travaillait malgré elle. Tout honnête et pure qu’elle était, elle sentait éclore en elle une tentation de connaître cette mignarde façon d’aimer plus féminine, plus subtile que lui apprenait Mlle Moïnoff. Eva, brusquement, s’agenouilla devant elle.

— Je crois que nous avons le même pied, fit-elle, et, l’ayant déchaussée, elle prit le tout petit pied de Luce entre ses mains et mordilla de baisers la soie rose du bas.

Mme Thiaucourt chatouillée se renversait, riait plus fort. Eva s’assit à nouveau auprès d’elle et d’une voix caressante, lui prenant tour à tour les mains et la taille, plantant son regard dans ses yeux, reprit :

— Je rêverais d’être votre bonne, de vous coiffer tous les matins, d’avoir dans mes doigts vos cheveux, qui sont fins comme des écheveaux de soie ; je rêverais de vous déshabiller, le soir, d’emporter votre corset et d’y respirer comme en un sachet l’odeur de votre chair ; je rêverais de vous sortir du bain, de vous