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LES PARISIENNES

Les respirations égales et douces des pensionnaires répondaient maintenant à la voix grasse de la sœur Marie-des-Anges qui, la tête baissée sur sa mentonnière blanche, parcourait le dortoir d’un pas traînard et fatigué de vieille.

La grosse veilleuse transparente sur laquelle saignait un cœur symbolique projetait comme une clarté lunaire au milieu du plafond. Sa lueur frissonnante et molle flottait dans l’ombre grise, éclairant, sur les oreillers, des têtes de jeunes filles coiffées de bonnets plats à trois pièces — les bonnets « à la mioche », comme on les dénommait moqueusement à Saint-Joachim — et au pied de chaque lit, la chaise que couvraient les robes simples de mérinos, les gros souliers lacés, les bas de coton bleu, pareils à des bas de rustaude.

Christe, audi nos… Christe, exaudi nos

Pas une voix ne dit « Amen » après l’oraison bredouillée par la sœur. Au dehors, neuf heures sonnèrent à Saint-François-Xavier avec